Chapitre Neuf :

Où il y a remise en

questions.

 

«J'ai laissé la pluie couler le long de mon visage, ainsi personne

n'a vu mes larmes couler. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une semaine sans Bang Yongguk. Une semaine sans voir le visage tatoué de Kim Kiji. Une semaine de liberté.

Du moins, c'est ce que c'était imaginé Kim Jinhwan à son réveil le lendemain matin. Il s'était réveillé guilleret à l'idée de ne pas entendre la voix caverneuse de Yongguk ou encore les répliques tranchantes de Kiji. Il tapa des mains, entraîné, puis parti pour le travail tout aussi enjoué. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas vue Jihyo.

Comme il l'avait prévu elle le gronda pour son absence de la veille mais il se justifia en expliquant que Yongguk l'avait enlevé pour l'emmener voir quelque chose. Alors le tonnerre de Jihyo s'abattit sur Yongguk qui n'entendit rien de cet orage. La pluie était toujours présente ce qui offrait moins de clientèle à la boutique. Alors pour profiter du calme Jinhwan décida d'envoyer un message à ses amis : ce soir il voulait les voir. Tous.

Lorsqu'il eut fini son travail il ne vit qu'aucun des garçons n'avait répondu. Il mit ça sur le dos de leur emploi du temps chargé à l'école. Une fois arrivé chez lui il se pressa de prendre des sacs pour aller faire quelques courses en bas de chez lui. Ce soir il voulait leur faire à manger, il voulait leur faire plaisir. Il dépensa beaucoup d'argent pour acheter un bonne quantité de viande et ce qu'il fallait comme accompagnement. Il retourna comme une fusée chez lui et rangea les courses avant de commencer la cuisine. Lorsqu'il eut terminé, il rangea son appartement, fit le ménage et l'observa. C'était beau, c'était propre et c'était frais. L'heure tournait, ils ne tarderaient pas. Après s'être observé dans le miroir il décida de prendre une douche ce qu'il fit en chantonnant.

Plus les aiguilles de l'horloge tournaient, et plus Jinhwan perdait sa joie. Depuis huit heures ce matin il n'avait eu aucune nouvelle de ses amis. Aucune. Le repas était prêt, quasiment servi. Mais personne ne venait. Les étoiles brillaient au travers des nuages, la Lune était belle et ronde. Beaucoup d'appartements autour du sien s'étaient déjà éteins. Mais lui attendait. Il attendait assit sur son canapé que ses amis lui envoient un message, un simple message qui l'avertirai de leur arrivée ou non. Il se doutait bien que passé vingt-deux heures ils n'arriveraient plus, il avait comprit. Alors, penaud et les yeux brillants, il se mit à ranger le barbecue qu'il avait prévu dans le frigo. Ses amis l'avaient-ils oublié ? Ne l'aimaient-ils plus ? Il renifla, essuyant une larme du revers de sa main.

Son portable se mit à vibrer sur la table basse.

De Chanwoo :

Désolé j'étais à la douche. Tu disais ?

 

À Chanwoo :

Depuis 8h00 ? Je vous invitais à l'appartement, j'avais préparé un barbecue

mais laisses tomber. Personne n'est venu.

 

De Chanwoo :

Ouais, j'suis vachement propre là ! Je peux toujours venir si tu veux,

mes parents ne sont pas là et je n'ai pas mangé. Un barbecue tu as dit ?

 

Se retrouver seul avec Chanwoo ? Jinhwan hésita. Chanwoo était son ex-petit-ami, ils n'avaient pas parlé depuis leur séparation et avaient certainement des choses à se dire. Il céda alors et le temps que Chanwoo mettrait à venir ici, il mettrait à nouveau en place son repas. Ils dîneraient à vingt-trois heures, tant pis.

Jung Chanwoo mit plus de temps que Jinhwan ne l'avait imaginé mais quand il sonna finalement à la porte, Jinhwan sentit ses mains devenir bien plus moites. Qu'allait-il se passer maintenant ?

Le plus jeune portait un large sweat bleu ciel qu'il avait protégé sous une veste en jean devenue humide par la faible pluie. Quand il entra, Jinhwan lui proposa d'étendre sa veste, geste que ne pu refuser Chanwoo qui observa l'appartement. Depuis quand n'avait-il pas mis les pieds ici ? Il étira un léger sourire alors que Jinhwan courait dans tous les sens, paniqué.

Chanwoo était très mignon dans cette tenue, il ressemblait à un adolescent fan de skate et rap underground. Un adolescent bien élevé, ce qu'était Chanwoo. Timide, Jinhwan lui proposa de s'asseoir et boire un verre en attendant que le barbecue chauffe.

• Où sont partis tes parents ? Demanda timidement Jinhwan.

• L'anniversaire de mon oncle, j'ai réussi à négocier pour ne pas y aller. C'est mal mais j'ai utilisé la carte du chaos dans nos vies pour pouvoir rester un peu tranquille.

• Et te voilà finalement ici.

• La dernière fois que l'on s'est vu tous les deux tu me quittais, et puis ensuite Seiyeon est morte et est arrivé tout ce qui est arrivé. Alors je ne pouvais pas refuser ton invitation ce soir parce que quelque part, c'est la chose la plus normale qui soit arrivée depuis décembre.

• La plus normale tu dis ? Ricana Jinhwan en prenant une gorgée de vin.

• Tu ne trouves pas ça normal toi ? Deux hommes qui mangent ensembles en discutant comme si de rien n'était.

• Sauf que l'on ne peut pas faire comme si de rien n'était, on peut pas ignorer ce qu'il se passe autour de nous : Jiwon toujours inconscient, Hanbin en taule, Yunhyeong et Donghyuk qui se battent. Y'a trop de choses.

• Quand on était tous les deux, commença Chanwoo en observant son verre de soda, bien sûr ce n'était pas toujours parfait, ça ne le pouvait pas, mais on ne pensais pas à ce qui nous entourait. Tu peux essayer de me faire croire le contraire, je sais que j'ai raison. Quand tu t'allongeais dans mes bras et que tu fermais les yeux, tu ne pensais plus à ce qu'il se passait autour de toi. Ni tes parents qui t'en faisais voir de toutes les couleurs ni même Jiwon qui se retrouvait à l'hôpital. Tu oubliais tout le temps d'un instant. Alors, si tu y arrivais en ce temps là, pourquoi est-ce que tu n'y arriverais pas là ? Ce n'est pas la mer à boire.

• Les circonstances ne sont pas les mêmes, se justifia Jinhwan.

• Pourquoi ? Parce qu'à ce moment-là tu étais amoureux de moi et qu'à présent tu en aimes un autre ?

• Je n'aime personne d'autre Chan !

• Alors je peux te parier que j'arrive à te faire oublier le chaos ce soir, sourit-il déjà gagnant.

Jinhwan connaissait son ex-petit-ami par cœur et il savait à quel point il adorait se donner des défis. D'ailleurs il était un peu l'origine de l'histoire entre Koo Junhoe et Louise Gabriel.

 

 

*

 

Pré-Rentrée scolaire 2011.

 

Les garçons avaient prit place sur le dossier d'un banc et observaient les élèves qui arrivaient petit groupe par petit groupe. Song Yunhyeong, qui était le plus vieux de tous, avait offert à chacun une boisson chaude pour rendre leur pré-rentrée un peu plus agréable. Ils s'étaient tous levés de bonne heure pour deux heures de classes. Tout ce qu'ils feraient serait de rencontrer leurs nouveaux camarades et apprendre où se trouverait la destination de leur semaine d'intégration.

• Vous allez tous partir en voyage et me laisser tout seul pendant une semaine, se plaignit Chanwoo qui était le plus jeune et au collège.

• Nous on pars ensembles, fit Junhoe en se pointant avec Donghyuk et Chanwoo. C'est Jinhwan, Hanbin et Yunhyeong qui vont partir de leur côté maintenant qu'ils sont au lycée.

• Vous croyez que l'on va arrêtez de se parler ? S'inquiéta Donghyuk en se grattant le coude.

• Il n'y a aucune raison pour ça, lui répondit Jinhwan en stoppant sa main.

• Ce n'est pas une semaine de pré-rentrée qui va nous séparer, ajouta Hanbin en sautant du banc pour enfoncer ses mains dans les poches et regarder ses amis. On a dit qu'on serait ensembles pour toujours, alors on sera ensembles pour toujours.

• J'vous laisse, Mark vient d'arriver, on se voit tout à l'heure aux arcades ? Demanda Jinhwan en récupérant son sac avant de s'en aller.

Sous les regards de ses amis Jinhwan rejoignit son compagnon qui l'embrassa goulûment devant tout le lycée. Toutes les filles avaient un jour espéré sortir avec l'un des deux garçons, pourtant ils s'étaient trouvés et s'aimaient depuis quelques temps déjà.

• Ils sont mignons quand même, sourit Yunhyeong en s'étirant.

• Ils sont bien moins mignons au lit, c'est moi qui te le dit, ricana Junhoe.

• Ah non June ! Siffla Hanbin en se bouchant les oreilles. Dis pas des choses comme ça.

• Pourquoi tu trouves ça dégoûtant ? Demanda Chanwoo.

• Non mais, c'est Jinhwan et pis … avec un mec … non j'peux pas imaginer.

• Puceau, ricana Donghyuk.

• Tu l'es tout autant !

• Elle est à qui cette bagnole ? Demanda Junhoe en pointant du doigt l'extérieur du lycée.

Leurs regards se tournèrent vers une Chevrolet Camaro noire mat. Le véhicule qui avançait lentement s'arrêta juste devant le portail, attirant les regards de tous les élèves qui attendaient de voir qui allait en sortir. Des murmures se mirent à résonner lorsqu'une grande blonde sorti du véhicule pour le contourner, attraper un sac sur la banquette arrière et se pencher à la fenêtre du conducteur.

• Non mais regardez-moi ce fessier, commenta Junhoe sans lâcher la jeune-fille du regard.

• Vous croyez qu'elle est inscrite ici ? Demanda Chanwoo.

• Bah non du con, elle à l'uniforme et vient de planter une Chevrolet devant le lycée mais elle est pas ici.

Aucun des cinq garçons ne répondit au sarcasme de Junhoe, trop occupé à regarder la nouvelle se redresser et traverser la cour avec une démarche de conquérante. Elle était superbe et tous les hommes la regardèrent passer, même Mark et Jinhwan qui s'enlaçaient au loin.

• Je vous paries ce que vous voulez que tous les mecs vont lui sauter dessus, fit Junhoe alors qu'elle disparut derrière les portes du bâtiment principal.

• Je te parie ce que tu veux que jamais tu ne l'approcheras, ajouta Chanwoo en souriant.

• Et moi je te parie que je ferai bien plus que ça.

*

 

Le repas se passa tranquillement. Sans jamais aborder les sujets fâcheux ou même triste, Jinhwan et Chanwoo ne cessaient de discuter de la pluie et du beau temps, de leur nouvelle vie : Chanwoo au lycée et Jinhwan à la boulangerie. Jamais ils ne parlaient des autres, jamais ils ne parlaient du chaos et Jinhwan ne pensait même plus à ses malheurs. Tout ce à quoi il pensait s'était que sa soirée avait été sauvée par Chanwoo qui le faisait rire. L'adolescent avait gagné, évidemment.

Pas plus d'une dizaine de minutes après avoir mangé ils se retrouvaient couchés l'un contre l'autre sur le lit, Jinhwan sur le torse de Chanwoo qui lui caressait le dos dans un geste circulaire. Ils s'étaient installés là pour « plus de conforts » comme ils souhaitaient se le faire croire et continuaient leur discussion. Il n'y avait rien à dire, cette première journée libéré de Yongguk était une réussite.

Les deux prochaines journées furent tout aussi agréables. Il allait travailler avec le sourire et rentrait chez lui, satisfait de pouvoir passer une soirée tranquille. Mais au quatrième jour Jinhwan commença à perdre son sourire. La réalité le frappait à grand coup.

Dans quelques semaines se tiendrait le procès reporté de Kim Hanbin et pour le moment tout l'accusé. Lorsqu'il le retrouva dans la salle des visites du pénitencier il eut du mal à le reconnaître. En quelques jours l'état de son ami s'était détérioré. Ses joues étaient creuses, ses yeux noircis par les cernes et sa démarche bien moins sereine qu'elle ne l'avait été. Kim Hanbin était au bord de la chute.

• J'espère que tu m'apportes de bonnes nouvelles, lui dit Hanbin en prenant place.

• Je viens plutôt en prendre.

• Mon procès a été reporté d'au moins deux semaines. Mon nouvel avocat m'a très clairement fait comprendre que j'étais dans la merde et toi, qui devais m'aider à sortir de là, tu viens aux nouvelles au lieu de m'en apporter des bonnes.

• Je suis désolé Hanbin mais les choses sont compliquées en ce moment.

• Compliquées ? Ricana Hanbin. Excuses-moi, j'ai complètement oublié que tu étais en prison, que tous les soirs tu te pissais dessus parce que ton compagnon de cellule menace de te péter les genoux pour aucune raison, que tu mange de la merde quand tu as l'occasion de manger puisque les autres types s'amusent à pourrir ta nourriture. Excuses-moi Jinhwan, ça m'est complètement sorti de la tête.

• Pourquoi te font-ils ça ?

• Pourquoi ? Mais parce que j'ai quasiment tué un membre de Sindaebang et que la plupart des mecs ici en font parti, qu'ils soient revendeurs de drogue ou autre. Ils pensent tous que je fais parti de Yongsang-Gu. Ils veulent me faire la peau Jinhwan. Ils veulent me flinguer pour ce que je ne suis pas. Je n'sais même pas qui est ce Yongguk dont ils me parlent tout le temps ! Regardes, regardes ce qu'ils m'ont fait !

Hanbin se leva tout à coup, levant son t-shirt beige jusque présenter ses hanches. Sur celle de droite et descendant jusque la naissance de son aine une phrase gravée au cuter : la salope de Yongguk. La plaie était encore rouge et mal cicatrisée. Choqué Jinhwan retenu son souffle quelques secondes avant de plonger son visage dans ses mains. Il ne put retenir ses larmes plus longtemps.

• Je t'en supplie Jinhwan, fais-moi sortir de là, que l'on me place en isolement s'il le faut, mais sauves-moi je ne tiendrai plus longtemps.

 

La salope de Yongguk. La salope de Yongguk. La salope de Yongguk. Sauves-moi Jinhwan. Sauves-moi.

Il n'y avait aucun moyen. Malgré tous ses efforts il était impossible pour Jinhwan de retirer ces images de sa tête. Il voyait sans cesse la cicatrice de Hanbin ainsi que ses mots. S'il clignait des yeux il voyait la cicatrice, s'il restait concentré trop longtemps sur une baguette il imaginait la cicatrice gravée sur la croûte. Jihyo lui glissait une main sur l'épaule à chaque fois qu'elle le voyait rêvasser, et aujourd'hui elle avait laissé sa main sur l'épaule de son employé plus que sur la caisse enregistreuse.

Jihyo se faisait beaucoup de soucis pour Jinhwan. Il lui avait confié qu'il avait le droit à une semaine de « vacances » concernant Yongguk, mais qu'à la fin de cette semaine il devrait lui dire si oui ou non il rejoignait Yongsang. Bien entendu Jihyo était remontée envers Yongguk et, furieuse, elle était parti à sa rencontre alors qu'il déjeunait au Bistrot de Gianni, comme à son habitude.

 

*

 

Furieuse, Jihyo avait laissé la boutique à Jinhwan et était parti comme une fusée de l'autre côté de la rue, au Bistrot de Gianni. Elle en voulait à Yongguk, elle lui en voulait beaucoup. Elle ne comprenait pas qu'il puisse faire une telle chose à un garçon comme son petit Jinhwan. Elle aimait beaucoup Yongguk, mais elle aimait aussi beaucoup Jinhwan et lui, il avait besoin de protection. Alors elle passa la porte d'entrée du Bistrot, cloua le bec à l'employée qui lui demanda si elle avait une réservation puis elle traversa la salle jusque à la table où se trouvait Bang Yongguk. Le restaurant était étonnamment vide et Yongguk seul à sa table. Il n'y avait personne si ce n'est Jihyo, Yongguk et Kiji qui se tenait un peu plus loin, nettoyant un verre à vin déjà bien propre.

• Comment peux-tu lui demander ça ?! Cracha-t-elle au garçon.

• Bonjour Noona, lui répondit-il simplement en reposant son verre de vin rouge. Tu vas bien ?

• Non je ne vais pas bien ! Je suis révoltée Yongguk ! Comment peux-tu demander une telle chose à ce garçon ? Ce n'est qu'un enfant il n'est pas prêt !

• Ne te méprend pas, répondit Yongguk en se levant pour tirer la chaise à Jihyo qui s'assit, tu sais bien que je ne lui veux aucun mal.

• Ils meurent tous.

• Il ne mourra pas, tu as mal parole.

• Ta parole ? Que vaut-elle ta parole ? Tous ces enfants, tous t'ont fait confiance et où sont-ils maintenant ? Six pieds sous terre. Tous. Et tout ça au nom de quoi ? Une vie meilleure ? Tu ne leur a pas offert une vie meilleure, tu leur a offert la mort.

• Jinhwan est un garçon intelligent, dit-il en servant un second verre de vin qu'il tendit à Jihyo. Il a des choses à apprendre mais je doute qu'il tombe dans les mêmes pièges que les autres et il peut nous aider à mettre fin à tout cela. Je pense même qu'il est le seul capable de nous aider.

• Pourquoi ? Qu'a-t-il de plus que les autres ?

• La motivation. Le désir de vengeance et la haine. Les autres n'avaient pas tout ça, ils en voulaient au système, à leurs camarades qui les avaient humilié ou bien leurs parents, un fort besoin de drogue aussi. Mais Jinhwan n'a pas ça. Lui il a perdu sa sœur, deux de ses meilleurs amis se sont fait battre par des membres de Sindaebang et il comprend, petit à petit, que tout est lié. Il est en train de vivre un chaos qu'il peut réduire en cendre, mais pas seul, il a besoin de notre aide.

• Tu t'es attaché à lui n'est-ce pas ? Demanda-t-elle en s'enfonçant dans son siège. Ce n'est pas pour rien que tu est allé à sa rencontre, que tu es ainsi avec lui. Tu y es attaché.

• J'ai fait une promesse à Seiyeon, répondit-il gravement.

• Est-ce que cette promesse te disait de l'envoyer tout droit à l'abattoir ?

• Elle voulait que je le protège ! Que je sois là pour lui ! Qu'il ne lui arrive jamais rien ! Scanda Yongguk en tapant du poing sur la table. Elle m'a fait promettre de toujours avoir un œil sur lui et c'est ce que je fais ! A tout instant !

• Et pourtant regardes tous les malheurs qui lui arrivent depuis que tu es dans sa vie !

• Ce qui arrive à ses amis m'importe peu, il n'a pas été touché et il ne le sera pas.

• Ce que tu ne comprends pas, c'est que tu n'es pas en train de le protéger. Tu es en train de le tuer.

• Noona, dit-il en la voyant se relever, Jinhwan n'est pas Chanhyuk.

Les yeux de Jihyo s'écarquillèrent avant de s'embrumer. Elle quitta le restaurant aussi vite qu'elle y était entrée. Quand elle retourna dans sa boulangerie, Jinhwan était en train de nettoyer la vitrine en observant la rue. Il avait l'air ailleurs. Elle l'observa un instant, un sourire au visage, puis elle disparu dans l'arrière boutique pour pleurer.

 

*

 

À la radio ils annonçaient de violents orages jusqu'au lendemain soir, la région était placée en alerte orange. Derrière la vitrine de Paris Baguette, Jinhwan observa le ciel se noircir et les éclairs le trancher dans une lumière des plus vives. Il avait l'impression que la pluie n'avait cessé de tomber depuis le décès de Seiyeon. Son travail était terminé, il était maintenant temps pour lui de rentrer. Mais que faire ? Rentrer à pied sous cette forte pluie ou appeler un taxi ? S'il marchait bien il en aurait pour un bon quart d'heure, cela ne devrait pas le tuer.

• Mais qu'est-ce que tu fais ?! Lui demanda Jihyo en le voyant enfiler sa longue veste qu'il laissait à l'arrière de la boutique.

• Je rentre chez moi.

• Tu as vu la météo ?

• Il faudra plus qu'une forte pluie pour me tuer Noona.

Il lui étira un sourire, ferma sa veste avant de recouvrir son crâne de la capuche puis il quitta la boutique pour rentrer chez lui.

L'eau ruisselait le long des trottoirs, transformait les paravents des boutiques en cascade, et obligeait la plupart des piétons à se bousculer sur les trottoirs. Tous courraient dans tous les sens, se donnant des coups d'épaules suivit de rapides excuses. Tous les passants avaient perdu la tête, toutes remplacées par des parapluies ayant éclos comme une fleur au soleil.

De tous, Jinhwan était le seul à marcher calmement, les mains dans les poches et supportant la pluie qui lui tombait au visage. Si au départ cela l'énervait il avait réussi au fil des minutes à se détendre et avancer bien plus calmement que les autres passants.

À l'abri de nombreux parapluies, à un feu rouge, Jinhwan sorti de sa poche son téléphone qu'il avait senti vibrer :

 

De Junhoe :

 

Chanwoo m'a dit qu'il avait été le seul à venir l'autre soir.

J'imagine que tu veux savoir pourquoi je ne suis pas venu.

C'est tout simplement parce que tu es parti comme si tu

n'en avais rien à foutre de nous. Comme si nous n'avions

jamais compté. Tu nous a laissé seul dans ce merdier en

oubliant tout ce que l'on s'était dit, toutes nos promesses.

Comme si nous n'en valions pas la peine. Je sais bien que

ces derniers temps ont été difficiles pour toi, mais ils l'ont été

pour nous également. Seulement ça, tu ne te l'es pas demandé.

Tu es parti avec ce type et tout ce que l'on a vu de toi c'est ton dos

qui s'éloigne. C'est pour ça que l'on est parti lors de l'enterrement

de ta sœur. On a compris que l'on avais plus rien à faire dans ta vie.

On a essayé de revenir, je pense que Chanwoo a eu espoir que tout

redevienne comme avant l'autre soir. Mais le fait est que jamais rien ne

sera plus comme avant. Tu nous as abandonné comme si jamais nous

nous étions considérés comme des frères. Tu as quitté la famille, sans rien dire.

T'as probablement même oublié à quel point on s'aimait. Et c'est ça qui fait

que aujourd'hui, je ne veux plus te voir.

 

Le feu était passé au vert, délaissant Jinhwan de ses protections en polyester. Son cœur avait perdu son calme et battait sa poitrine avec douleur. Sa gorge se sécha et ses larmes roulèrent sur ses joues aussi vite que les gouttes de pluie. Il venait de perdre son ami le plus précieux, par texto.

Abattu il n'observa même pas le couleur du feu et traversa la route. La vision réduite par la pluie et ses larmes il ne vit pas la voiture arriver sur sa gauche et n'entendit qu'un crissement de pneus suivit d'un cri avant qu'il ne se fasse tirer en arrière.

• Non mais t'es complètement con ?! Qu'est-ce qu'il te passe par la tête ?!

C'était Kiji. Il se tenait là sous son parapluie assorti à son long manteau noir. Il était beau mais furieux. Jinhwan, lui, n'avait aucune pensée. Il se défit simplement de la poigne de Kiji qui continuait de le regarder d'un mauvais œil.

• Ca ne te regarde pas, et puis, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu me suis ? Lui demanda-t-il en défroissant sa veste.

• Je rentre chez moi, répondit simplement Kiji, tu n'es pas le centre du monde petit.

• Oh … Je pensais que Yongguk hyung t'avais demandé de … de me surveiller, au cas où.

• Non, ton Roméo ne m'a rien demandé te concernant, mais si tu veux je peux lui dire à quel point il manque à Juliette.

• Il ne me manque pas.

• Tu mens très mal moucheron.

• Je ne mens pas ! S'exclama Jinhwan en suivant Kiji qui continuait de l'abriter sous son parapluie. C'est juste que ça fait des semaines que je le vois partout, tout le temps, et du jour au lendemain plus rien, c'est louche. Et puis … tous mes amis m'ont lâché.

• Ils t'ont lâché ou tu les a lâché ?

• Tu as raison, je suis le fautif. Je les ai lâché, j'ai passé trop de temps avec vous et pas assez avec eux, ils m'en veulent et ils ont raison.

• Moucheron, si tes amis ne sont pas capables de comprendre que tu as eu besoin de passer du temps avec d'autres gens pour comprendre certaines choses, s'ils t'en veulent pour ça, ils ne sont pas tes amis. Je comprends que ça puisse les blesser, t'as sûrement agis comme un connard avec eux, mais avec ce qui est arrivé, ils devraient comprendre. Maintenant j'me casse, y'en a qui doive briser des os ce soir. J'passerai le bonjour à Yongguk de ta part.

Il s'en alla avec un clin d’œil, son allure attirant beaucoup d'attention alors qu'il filait entre les passants. Jinhwan était à nouveau seul sous le déluge.